interprète
à l'atelier : Mamy rapeuse sur une musique
créée à l'atelier
le
texte :
La visite
Le silence est venu
s'asseoir sur mes genoux
me crevant les tympans par tout son
bavardage.
Il est venu seul et bien trop habillé,
son
habit lumineux n'étant pas de rigueur
pour
l'accueil enrobé dans l'espace de ma chambre.
Nous
avions dû nous croiser dans des pauses communes,
la
mémoire est fidéle pour ce genre de rencontres.
Sa
démesure est telle, sa démarche si superbe
que
la volonté seule n'estomperait pas l'élan.
Je
l'ai bien accueilli dans un sourire acerbe,
pas de
vacillement, aucune fausse joie
juste un
frémissement dans l'ombre de ma voix.
Oh! Il n'a
pas songé à faire moins de bruit
et dans
un mot prècis, un geste douloureux,
j'ai vu toute
ma peine vibrer en son regard.
Le
rendez-vous est pris pour une autre jeunesse,
il avait
paraît-il beaucoup de monde à voir.
J'ai
caressé la paûme chaude des fausses confidences
en
serrant contre lui mon corps titubant.
Il reviendra, c'est
sûr, peut-être dans un mois
prendre de mes
nouvelles, équilibrer l'échange
pour
prévenir sa force et que vive le répit.
J'ai
fermé la porte, les rideaux de ma chambre,
la nuit
se profilait déjà au coin de ma fenêtre,
il
fallait dégrafer sa chair dans un autre tumulte.
Mes
pensées annonçaient un autre visiteur,
celui
qui vient sur la pointe des pieds
se faufiler, habile, dans
l'âme des pénombres.
Le sommeil, lui
aussi s'énonce en sursauts,
il entrepose en vrac
les peurs et les mystères
tatônnant dans
le noir nos esprits vagabonds
et s'offre au plus offrant avec
une telle grâce
qu'on oublie par avance son
infidélité.