l'ilot
Casy
Nous
voilà partis pour une randonnée de 2 heures,
l’îlot Casy se situe au centre de la Baie de Prony
; il ne
fait que 40 hectares et culmine à 45 mètres,
quelques
kilomètres pour son
périmètre, mais des
paysages d’exception, une géologie
particulière et
une histoire étonnante.
Nous
débarquons sur une
minuscule plage bordée d’une épaisse
forêt
côtière. Le temps radieux et la
température
relativement fraîche en ce beau matin permettront de faire le
tour en passant par le sommet.

Quelques
aménagements permettent l’accès
à un chemin
balisé créé par la Province Sud de
Nouvelle
Calédonie pour promouvoir son tourisme naissant, en forte
concurrence avec la principale richesse du pays : le nickel, dont la
cotation boursière ne cesse de monter.Le sentier nous
mène vers le sommet ; la forêt n’est pas
large. Nous
essayons ne ne pas trop déranger les nombreux oiseaux en
conversation dans les branches, les araignées qui nous
barrent
le chemin, ainsi que les abeilles très nombreuses. Pas de
piqûres pour cette fois. L’odeur d’humus
dans cette
végétation contraste avec l’air salin
qui se trouve
sur la plage.

Nous
atteignons le sommet. Ici, pas d’escalade ; une vraie
promenade
de santé ! On se rend compte de la particularité
géologique de cette île, et de
l’ensemble du Grand
Sud Calédonien : ce morceau de terre perdu au milieu de la
baie
fait partie de l’unité géologique du
grand sud. Il
en est le prolongement et sa forme démontre qu’il
s’en est détaché il y a un million
d’années. Cette île est
composée de
péridotites, à l’origine de la richesse
du pays
ainsi que des roches basiques appelées gabbro.
Un
aperçu vers le sud : des roches noires lessivées
par les
pluies abondantes en cette région ; ce sont des
affleurements de
chrome de fer, très communs dans cette région
minière très riche. Plus loin la
forêt qui
enserre l’île et un plateau récifal qui
fait partie
de la réserve naturelle. Au fond, perdu dans le lointain, le
Phare de Cap N'DUA.

On
peut encore voir sur l’îlot les
conséquences
d’un feu de forêt qui a eu lieu il y a plus de 20
ans, le
seul qui ait affecté Casy. Sans doute un feu
allumé par
quelque plaisancier venu camper près des plages, et ils sont
nombreux le week-end. Depuis, la
végétation a
repris le dessus, mais de nombreux arbres morts, squelettes
fantomatiques blanchis par le temps sont présents dans cette
nouvelle forêt. Dans l’ensemble, la
végétation évolue vers un maquis
arbustif.
Composé de chênes-gomme aux racines tortueuses,
adaptés aux sols très acides de cette couche
latéritique. On constate qu’aucune
fougère
(espèce invasive des forêts fragilisées
par le feu)
n’a colonisé l’île dans sa
partie autrefois
brûlée.

Nous
sommes arrivés à
l’extrémité de
l’île et découvrons…des
tombes ! Un peu
d’histoire :
Cette île a ainsi
été
baptisée par le commandant De Brun, du nom de Casy en
hommage
à un sénateur de l’Empire portant ce
nom. Ce sont
les habitants mélanésiens de
l’île Ouen qui
furent les premières à venir sur Casy, pour y
faire des
cultures sur le plateau, autrefois bien plus couvert de
forêts
originelles. Les mélanésiens n’avaient
pas cette
tradition des tombes et inhumations ; ils regroupaient les os entre les
roches, souvent près de la mer. Ces tombes ne sont pas
non-plus
celles des deux premiers employés de la main
d’œuvre
pénale du village de Prony, qui y venaient pour cultiver des
fruits et légumes pour la colonie du petit
pénitencier du
village. Non, ces tombes sont celles d’une famille. Le bagne
est
fermé depuis 1911, et la famille Alric s’y
installe. Le
premier exploitait le bois dans le nord de la baie.
L’exploitation s’arrête. Il y fonde
famille avec une
certaine Marie Maréchal, métisse
mélanésienne., à qui il donnera cinq
enfants.
Jusqu’en 1993 il n’y aura aucun habitant fixe sur
l’îlot Casy. Plus tard, une structure
hôtelière sortira mais faute de gestion
convenable, faute
de clients, elle fermera quelques années plus tard. Il reste
des
ruines .

Nous
amorçons la descente depuis le cimetière par un
sentier
très escarpé et glissant, entre araucarias,
palmiers
cycas ; l’odeur d’humus est remplacé par
l’air
humide d la mer…
915 : Surprise ! Non loin de la
plage, des
tentes ! Elles sont accrochées à un banian, cet
arbre
étonnant qui pousse ses racines en nombre et recouvre le sol
de
graines à la saison. Le montage inquiète quelque
peu, la
corde qui relie la tente à la branche semble bien fragile !
Nous
alternons la suite du parcours, par la plage, par le sentier forestier.
Le récif qui borde cette partie de Casy est très
réglementé : pas question d’y
pêcher le
moindre poisson, d’y ramasser le plus petit coquillage.
Personne
ne touche aux coraux, ne collecte de roche. En revanche c’est
une
zone récréative où la
plongée est libre.
Les bateaux n’ont pas le droit de mettre l’ancre.
Ils
s’accrochent à des corps-morts
intelligents et
écologiques. Les ancres et les chaînes
détruisent
beaucoup les fond. Pour notre part, nous n’avions pas
trouvé de corps-mort libre et nous avons mouillé
dans un
fond de sable.

Nouveau
sentier : un arbre a poussé entre les roches, ses racines se
sont accrochées où elles pouvaient. Plus loin, le
sous-bois est envahi de petits pieds de pins colonnaires, on
peine à trouver un endroit pour poser le pied. La
descendance
est assurée !
932 : Notre
randonnée est
terminée. Je ne résiste pas à
immortaliser les
eaux transparentes de cette petite plage où nous nous
baignons
avant de regagner le bord.

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